Lennox

Lennox a neuf ans quand il arrive à l’Antenne 110. Il y est resté deux années.


Son flot de parole est continu et sans ponctuation. Il virevolte, rigole et nous regarde avec
insistance.


A l’époque, il est amateur de séries pour ado et de films fantastiques en tout genre. Il ne peut
s’empêcher de les regarder même si ça lui fait peur. Cet intérêt pour les séries lui apporte un appui
imaginaire et donne un essor à ses élaborations. Son corps trouve un apaisement. Ses rapports à
l’autre se pacifient. Ses dessins témoignent de son travail.


Lennox trouve dans le crayonnage une localisation de son énergie débordante. Son corps se pose.
Il y traite ce qui le submerge.

Parmi ses objets de prédilections, il y a Spiderman, dont le regard est masqué ainsi que son double
méchant, l’homme araignée habillé de noir. Ses productions graphiques montrent le tourbillonne-
ment de son corps. Mais quand il dessine, Lennox est serein et posé. Regarder le résultat de son
travail fait médiation entre lui et l’intervenant.


Lennox épingle dans le personnage de Turbo l’escargot les yeux exorbités et un regard qui inquiète.
C’est cela qu’il traite par ses traits de crayons.

Au fur et à mesure de sa prise en charge à l’Antenne 110, ses œuvres évoluent ainsi que les
histoires qu’il aime raconter. Les traits sont plus fins, les contours plus nets. Sa prise de parole
ouvre sur un monde moins effrayant. Grâce au dessin, Lennox se trouve des partenaires, pose
son corps, et construit une nouvelle modalité de lien à l’autre. A la fin de son séjour, il a d’ailleurs
souhaité réintégrer l’école. Il y est inscrit depuis lors.

Valérie Lorette