Le Projet
Le monde au singulier est un projet d’exposition que TEAdir-Aragón a mis en route en mai 2015 dans la ville de Zaragoza.
Il surgit du désir d’un petit groupe de familles et de professionnels qui, immergés dans le monde de l’autisme, avons découvert les travaux de Lucile, Martín et Carlos, trois jeunes diagnostiqués de TSA. Nous avons été fascinés par leurs créations, œuvres qui sont dans l’orbite de ce qui est connu comme Art Brut, Art Outisider ou Art Marginal.
Dans un premier temps, nous avons ressenti le besoin de récupérer ces œuvres et de leur donner une visibilité avec la dignité qu’elles méritent. Dignité est un mot qui apparaissait constamment dans nos conversations.
Avec l’aide de Pilar Giménez, historienne de l’art, qui a réalisé le travail de commissariat de l’exposition, chaque chose s’est mise en place pas à pas : nous comptions avec les propositions de différentes disciplines, dotées d’une grande sensibilité et d’une grande valeur esthétique. La préparation de l’exposition s’est étalée durant deux années : Un temps pour penser le format adéquat et les possibilités réelles de le mener à bien.
Nous nous sommes mis en contact avec l’École d’Art de Zaragoza pour leur exposer la possibilité que d’autres jeunes créateurs se rajoutent à l’expo. Nous pensons que le monde est une addition de singularités, de personnes, et nous avons voulu additionner d’autres regards, autistes ou pas autistes. Depuis le départ, ce fut un projet essentiellement humain.
On a également réfléchi au catalogue et nous avons cajolé le design. On a partagé le projet avec d’autres associations et se sont ouvert les portes à des possibles collaborations. Nous souhaitions additionner des énergies et tisser un réseau de collaboration autour de l’art et de l’autisme avec d’autres collectifs et institutions.
L’exposition ne donnait pas uniquement visibilité au talent de certains jeunes, mais aussi à notre façon de voir l’autisme. Elle est devenue l’environnement idéal pour penser une manière plus humaine de nous mettre en relation avec ce trouble, pour parler aux familles et aux professionnels, et un cadre adéquat pour ouvrir cette vision à la citoyenneté.
Le monde au singulier a été conçu comme un projet d’exposition itinérante, un projet ouvert pour que les institutions amies qui auraient voulu l’accueillir dans leurs villes puissent se l’approprier. C’est une des particularités de Le Monde au Singulier qui me plaît le plus. En chaque ville ç’a été pensé de façon différente, s’adaptant au projet de chaque institution et additionnant des œuvres de chaque lieu par lequel elle voyage.
Depuis le vernissage au Centre Joaquín Roncal à Zaragoza, ils se sont écoulés plus de deux ans. Depuis lors, Le Monde au Singulier a été exposé à Huesca, Venise, Bilbao, Tournai, Lille et Bruxelles grâce à des entités et associations amies comme TEAdir-Euskadi, la Fondation Martin Egge Onlus, l’Association Funambules, Le Courtil, l’Antenne 110, l’Association La Main à l’Oreille de France et de Belgique, la Mairie de Lille et l’Eurofédération de Psychanalyse.

« Le projet d’exposition El mundo en singular en rouge, promu par l’Association TEAdir Aragón, vise à diffuser le talent créatif des jeunes autistes et à générer un espace de réflexion sur l’art et les processus créatifs. »
ARTISTES AUTISTES
Vilma Coccoz | Psychanalyste
Ils viennent du pays où presque toujours se garde le silence.
Dans cet endroit s’entendent les chuchotements, les anciens échos,
les murmures, le bredouillage et le fredonnement.
Dans cet endroit se voient des scintillements, des ombres,
des silhouettes étranges, des formes inouïes.
Indifférents au sens commun des mots usés, des images reproduites et reconnaissables, ils cherchent dans le mystère.
C’est pourquoi ils rencontrent des choses invisibles.
Leur ravissement est de découvrir l’imperceptible,
ce qui n’a pas raison d’être, ce qui n’est pas évident.
Un jour Martín, Lucile et Carlos ont décidé qu’ils voulaient partager avec les autres leurs trouvailles et leurs joies.
A n de faire de notre monde quelque chose de plus grand et intéressant.
Parce qu’ils nous feront voir et entendre des choses nouvelles.
Ils sont les artistes du silence.
Ils viennent pour nous dire ce qu’ils ont entendu
…dans les nuits noires le mot infini sans souffle et sans lèvres.*
* Elegie du Silencio. Federico García Lorca
Sponsors
Le projet n’aurait pas été possible sans le soutien de:






