
Patricia
Patricia a intégré l’exposition à Lille et a exposé à
Bruxelles, Bastia, Ajaccio, Bordeaux. Elle expose en
France avec l’association La Main à l’Oreille depuis
2007.
Les écrits sonores de Patricia ?
Depuis toujours, Patricia dessine à profusion. Au fil des
années, je nommerai son activité singulière : « des-
sin », « écriture » et finalement « broderie ». Elle aligne
quelques petits ronds puis les recouvre en griffonnant à
tous petits traits d’allers et venues dans un mouvement
ascendant. Ces petits traits deviennent une forme qui
grimpe jusqu’en haut de la feuille, se densifie, se cré-
nelle et s’achève en des pointes crantées, arrondies.
Elle reprend au bas de la page d’autres petites allers et
venues qui donneront figure à une écaille ciselée, une
trie arrondie ?, puis à une autre jusqu’au remplissage du
support. Au-delà de la répétition, l’infinie variation des
formes se coordonne avec les matériaux, les variations
d’humeur, le saisissement des émois. Dans ces espaces
la dynamique rythmée, telle une chorégraphie, entre
gestuelle des mains, puissance des tracés, échange des
sons, des voix, corps éprouvé constitue une épreuve im-
partageable tout autant qu’une rencontre dans la solitude
à chacune.
Patricia crée à deux mains. L’une frotte la toile par d’infi-
nis allers-retours sonores. L’autre main, immobile, tient
la feuille, son pouce gratte successivement les peaux
autour des ongles de chacun de ses doigts. Avec cette
main qui n’écrit pas, elle fait une grille sur sa bouche
après une parole ou pour retenir un son, un ricanement.
Avec ses ongles, elle gratte la toile qu’elle marque de
courtes et profondes traces de griffures. Son visage
s’imprègne des couleurs de la toile.
Elle s’esclaffe, ironique : « Ha ha ha, un tabio ».
Danièle Rouillon